C'est le jeudi précédant le marathon de Paris. En fait, nous voulons nous rendre au salon du marathon "Run Experience" pour discuter avec des sponsors pour "Cap to Kap". Horst va juste chercher de la baguette. Et puis le petit déjeuner se déroule tout autrement...
"Je pense que je vais m'inscrire au marathon", dit Horst en tartinant de la confiture sur sa baguette.
"Oh. Si tu cours, je cours aussi", rétorque-je en coupant ma pomme.
"On s'inscrit ?"
"Inscrivons-nous !"
La décision est facile à prendre. Mais quel doit être l'objectif ? Nous n'avons pas suivi de préparation axée sur les résultats. Les deux jours restants ne le permettent pas vraiment. Mais il ne s'agit pas non plus de réaliser de bons temps.
Si nous traversons l'Afrique, nous aimerions parcourir une distance de marathon en moyenne chaque jour de la semaine. Dans ce cas, il devrait nous être possible de courir un marathon à partir de maintenant, même si nous sommes encore à quelques mois du départ, ainsi se forme une justification pour cette décision spontanée.
Un marathon non destructif est-il possible ?
Le plan devient alors totalement atypique : Courir un marathon à l'arrêt - et le faire de manière aussi peu destructrice que possible. Comment organiser une telle journée de manière à ce qu'il reste de l'énergie pour la vie après la course de fond ? Pour organiser les choses quotidiennes, pour écrire et travailler ? Comment répartir les forces sur une telle distance pour que la même chose soit possible le lendemain ? Essayons de trouver des réponses. Chacun doit trouver son rythme et nous imaginons que nous sommes déjà en route ; puis nous évaluons ce que ce test apporte. Cela devient notre accord.
Voilà le plan. Et une fois de plus, tout se passe différemment...
Les 10 premiers kilomètres
"Paris à vos pieds". La ville est à nos pieds, même si elle est froide avec ses 2 degrés Celsius le matin. Depuis le départ sur les Champs-Élysées, nous descendons en direction de la Concorde. Là, l'"obélisque de Louxor" de 230 tonnes et vieux de plus de 30 siècles est actuellement entouré d'un échafaudage : Il sera restauré pendant plus de six mois afin de briller à nouveau de tout son éclat pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Le parcours passe devant l'Opéra et revient vers la Seine.
Une curiosité en chasse une autre, et nous marchons ensemble, côte à côte, heureux d'en avoir fini avec le froid de l'attente au départ. Le rythme est d'environ 6:00 min/km ou 6:20 min/km, ce qui est plus que ce que j'aurais estimé pour moi, mais qu'importe. Nous voulons courir les 10 premiers kilomètres ensemble. Pourquoi ne pas prendre le rythme quand c'est possible ? Allez ! Avec prudence, on peut toujours ralentir.
Le chemin vers le semi-marathon
En fait, nous voulions déjà marcher séparément, mais cela n'arrive pas. Nous descendons parallèlement à la Seine jusqu'à la Bastille. Des spectateurs serrés à droite et à gauche bordent le parcours et nous encouragent. L'atmosphère est animée, des groupes de tambours nous donnent le rythme. Les gens sont heureux. Ceux qui courent et ceux qui encouragent ceux qui courent. Et en même temps, tout le monde sait que nous ne savons pas ce qui va se passer sur la deuxième moitié, le deuxième semi-marathon.
Un groupe de pompiers borde le chemin et encourage les coureurs. Un peu plus tard se trouve une station de secouristes qui n'ont pas encore beaucoup de travail. Je me demande ce que les secouristes pensent quand les premiers coureurs passent déjà, la jambe lourde, et qu'ils doivent se rendre compte qu'ils vont avoir quelqu'un sur leur civière sur ce parcours ? Et pourtant, ils sont là. Et ils le font volontiers. N'est-ce pas ce qui rend possible les grandes réalisations de l'humanité ? Qu'il y ait toujours des gens qui souhaitent dépasser les frontières et des gens qui les soutiennent dans leur démarche ? Et ce n'est qu'ensemble que l'on peut faire quelque chose de spécial, que l'on peut progresser ? Même si, bien sûr, il y a toujours des échecs en cours de route...
En légère montée, par de longues lignes droites, nous nous dirigeons vers le Château de Vincennes pour y faire un tour dans le parc du même nom. La Bastille doit nous attendre pour la deuxième fois au kilomètre 24...
Du kilomètre 20 au mur
Nous continuons à courir ensemble. Toujours avec une moyenne pas très éloignée de celle du début. Tout droit vers le "mur" que l'on annonce volontiers au marathonien au 30e kilomètre. Nous allons maintenant traverser Paris par son "itinéraire touristique" - descendre sur le quai, la promenade interdite aux voitures même en temps normal. Le passage dans le tunnel plus long fait naître des sensations psycholdéliques. Les tambours, la respiration, le bruit des centaines de paires de chaussures qui frappent chacune régulièrement le sol se mêlent aux éclats de lumière colorés et aux sons du DJ. Et surtout, ils se mélangent à l'état dans lequel je me trouve. Il reste encore quelques kilomètres à parcourir, les jambes se manifestent. Mais le mur ne s'ouvre pas.
Cependant, le plan de courir aussi lentement que possible, aussi lentement que nécessaire, s'est quelque peu dissipé. Nous continuons à courir ensemble. Alors qu'importe...
Ce qui se passe ensuite
À un moment donné, le kilomètre 30 arrive avec une vue sur la Tour Eiffel. Le parcours est magnifique, si l'on fait abstraction des ondulations dues aux passages souterrains. Au kilomètre 34, une méchante montée mène au Bois de Bologne, la forêt côté ouest de Paris', un autre virage au kilomètre 39 passe devant la Fondation Louis Vuitton.
Je répète mentalement mon mantra : Les 10 premiers kilomètres tournent toujours rond, après 20 kilomètres, on a déjà fait la moitié. Ensuite, il ne reste plus que 10 kilomètres et on en est déjà à 30. Maintenant, ce serait vraiment stupide de ne pas courir les 10 derniers kilomètres en beauté... D'une manière ou d'une autre, ils passent.
Et c'est ainsi. Tout à coup, 4:30h apparaît comme temps cible. Tout d'un coup, ça redevient un temps ?
La finition
Maintenant, c'est clair. Nous arrivons ensemble. A 4:31:16, l'objectif du marathon est atteint.
(Il est clair aussi qu'il y a eu de la pomme à l'arrivée, ça se voit sur mon visage...)
Et l'objectif initial du lancement ?
Oui, nous avons couru un marathon à partir de rien.
Oui, nous nous sentons toujours bien.
Non, ce n'est peut-être pas le marathon le moins destructeur de la vie.
Oui ! Mais par erreur, ce sera un record personnel !
C'est comme ça avec les projets. On en fait d'abord et puis quelque chose de complètement différent se produit.
Demain matin, nous prendrons à nouveau le petit-déjeuner. Voyons ce qui se passe...
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